La Belgique et la lutte anti-corruption, ça fait deux !

corruptionLa Belgique méprise ses obligations internationales visant à combattre la corruption, estime l'ONG Transparency international dans un rapport publié jeudi. La mise en oeuvre de la convention de l'OCDE pour la lutte contre la corruption transnationale est insuffisante dans le pays comme dans une vingtaine d'autres États sur quarante signataires, déplore l'étude.

"En signant la convention de l'OCDE sur la lutte contre la corruption, les gouvernements s'engagent à enquêter et lancer des poursuites en cas de corruption transnationale. Pourtant, presque la moitié des États signataires ne le font pas", a déclaré le président de Transparency International José Ugaz. Ces 20 pays comptent aussi pour un cinquième des exportations mondiales, mais ne font "peu ou rien pour que leurs entreprises ne propagent pas la corruption dans le monde", appuie l'ONG. Or, il est "essentiel" de reconnaitre que cela a des "conséquences négatives énormes pour les populations des pays affectés", souligne le communiqué de l'agence indépendante.

Parmi ces mauvais élèves figure la Belgique au même titre qu'une dizaine de pays européens dont la Bulgarie, le Luxembourg ou l'Irlande, et d'autres puissances comme la Russie, le Japon, ou le Brésil. L'ONG met en cause "le manque de volonté politique et l'inadéquation des ressources affectées aux mesures d'exécution et aux enquêtes". "L'influence politique ou le risque d'une telle influence" sur la justice pénale est aussi fustigé dans certains pays, "notamment certaines démocraties de longue date", établit l'étude.

Serge-KublaEn Belgique particulièrement, Transparency International pointe que la lutte contre la corruption ne fait pas partie des priorités politiques, bien que "certains signes indiquent que la situation pourrait changer sous le gouvernement actuel". Si "aucun changement significatif" n'a été relevé en 2014, Transparency International voit des signes encourageants dans le nouveau plan Justice du ministre Koen Geens et le travail des autorités dans l'"affaire Kubla" - du nom de l'ex-ministre wallon de l'Économie, Serge Kubla inculpé de corruption active en République Démocratique du Congo.

Transparency International recommande au pays d'aller plus loin en allouant plus de moyens aux tribunaux et autorités d'exécutions, d'établir une commission anti-corruption, et de veiller à la cohérence de ses politiques en la matière tout en les adaptant aux PME actives sur les marchés. L'agence conseille aussi que des formations adéquates soient fournies aux autorités publiques chargées de doper les investissements étrangers, comme le Flanders Investments and trade.

Seuls quatre pays signataires se distinguent dans la mise en oeuvre de la convention, États-Unis, Royaume-Uni, Suisse et Allemagne, pour avoir "activement enquêté et engagé des poursuites contre des entreprises ayant versé des pots-de-vin à des fonctionnaires étrangers afin d'obtenir des contrats, des permis et des concessions ou d'en gonfler les prix", selon Transparency International.

Si l'Argentine est pointée du doigt pour être le seul pays à reculer dans la lutte anti-corruption, Pays-Bas, Norvège, Corée du Sud et Grèce s'illustrent en passant d'une mise en oeuvre "limitée" à "modérée" de la convention. "En 2014, la Grèce a ouvert quatre nouvelles enquêtes, ce qui montre un effort d'application significatif au vu du volume de participation du pays aux échanges mondiaux", a salué l'agence.

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